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Les activités sportives proposées contiennent un caractère audacieux ou inhabituel, qui permettent de se recentrer sur soi et de vivre des moments forts et constructifs en groupe.

De plus, elles se déroulent dans la nature, offrant la possibilité de se reconnecter au monde vivant qui nous entoure.

Le sport-aventure et la nature comme espace de rencontre avec soi et les autres

La Trace est un centre d’accompagnement psycho-social travaillant avec le sport-aventure et la nature. Il est ouvert à toute personne en difficulté, que ce soit de consommation ou de santé mentale. La Trace propose des activités hebdomadaires d’escalade et de randonnée ainsi que plusieurs stages sportifs résidentiels pendant l’année. La fréquentation est libre et sans limite dans le temps. La non-consommation est requise le temps de l’activité ou du stage. Outre les activités, un accueil inconditionnel est assuré toute la semaine. Le cadre se veut souple et informel, permettant une grande proximité et une grande créativité dans son utilisation.

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La démarche de consulter un centre pour personne dépendante a souvent pour origine un besoin de mettre fin à une situation désagréable en tentant d’arrêter ou de contrôler une consommation dont les conséquences sont devenues trop invalidantes. Les raisons peuvent être multiples : souhait de remplacer la consommation par un produit plus acceptable, de sortir de la précarité, d’échapper à des soucis de justice, de rassurer ses proches, d’éviter un licenciement ou de montrer qu’on fait ce qu’il faut vis-à-vis d’un service d’aide à la jeunesse. Si les motivations sont variées, la porte d’entrée reste une volonté d’arrêt. Arrêt de la consommation, des conséquences, du manque, de la souffrance. Reste à savoir ce qui peut se reconstruire sur le creux laissé par cet arrêt. Si la consommation ne définit plus la personne, ni pour elle-même ni pour son entourage, l’enjeu est dès lors de (re)découvrir ce qu’on peut être d’autre.

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Dans cette perspective, des institutions comme La Trace tentent de proposer une approche offrant un espace de découverte, permettant à la personne de renouer avec son désir. Par des activités se déroulant dans un cadre de nature, elle invite à se reconnecter à son corps, aux autres et au vivant. Elle propose un lieu “ni trop tox ni trop psy” où l’on vient librement, « pour faire du sport » ou « voir des gens », “retrouver le sportif qu’on était avant », sans nécessité de dévoiler son parcours. Une de nos participantes explique: “on n’est jamais interrogé sur le pourquoi on est là. Ça pour moi c’est essentiel”. La Trace est un lieu où l’on vient parce qu’on a eu envie de le faire, pour se changer les idées, bouger, se faire du bien. On y dépose ses bonnes parties, on fait rire, on s'entraide, on partage, tout en sachant que les parts sombres ou douloureuses de chacun ont leur place. La confiance s'installe au fil des randonnées et des journées d’escalade. Si la personne n’est pas en état de participer à l’activité, l’accueil et le lien se maintiennent afin de limiter la honte et l’isolement qu’implique la rechute. Le travail des accompagnants se fait sur un fil, entre le minimum de cadre et la souplesse de l’informel propre à la philosophie de notre projet. Il s’agit de “tenir bon” tout en se laissant toucher, bousculer, façonner ou malmener parfois par la violence des affects de nos usagers.

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Le travail de La Trace s’appuie sur plusieurs leviers essentiels, dont l’expérience du groupe. Il s’agit d’un cadre pour s’éprouver autrement, où les autres peuvent être un soutien, un exemple ou une épreuve. Dans la régularité de l’activité, les liens et la confiance se tissent, créant un nouveau sentiment d’appartenance. Une participante témoigne : « avec l’équipe, c’est comme une famille en fait. Je ne sais pas expliquer ça. C’est comme des gens vrais en fait ».

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Une autre part de ce qui est opérant a trait à la place de la nature. Pour nous, elle est bien plus qu’un outil, elle est une expérience d’authenticité, un espace de rencontre avec soi et les autres, loin des regards stigmatisants. Une participante nous dit : “Je pense que dans la nature, on est moins distraits, notre regard et nos oreilles ne sont pas à autre chose qu’à ce qu’on veut vraiment les mettre. Par exemple, en rue, il y a un coup de klaxon, on va tourner la tête. Il y a toujours moyen d’être distrait. Je dirais que dans la nature, on regarde la beauté mais on est tout aussi à l’écoute d’un autre ou de plusieurs autres. La nature est moins distrayante. La ville envahit… elle te pousse à la distraction”. Un autre ajoute: “La nature ne me touche pas vraiment mais j’ai déjà remarqué que quand je marche, je regarde par terre et c’est quelque chose qui me permet de m’intérioriser et qui ne serait évidemment pas possible en ville parce que tu as un tas de choses qui t’appellent. Ça me permet d’être un peu en introspection tout en n’étant pas tout le temps en introspection. Je ne suis pas seul et si j’en ai marre, je me mets à parler avec quelqu’un”. 

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Un autre aspect évident est l’effet bénéfique de l’activité physique. Réduction du taux de stress, fabrication d’endorphines, régulation du sommeil et de l’appétit, remplacement du produit par une activité intense et valorisée. Cela fait partie du plaisir partagé pendant les activités et les stages : la satisfaction de sentir son corps vivant et capable. La non-consommation n’est plus une fin en soi mais un moyen pour accéder à une activité motivante. Le sport-aventure comporte des risques et des règles auxquels nous sommes tous soumis. Il impose un cadre et des rôles. S’il évoque le dépassement de soi, La Trace veille à ce que la notion de plaisir soit plus importante que toute notion de souffrance. Il s’agit de sortir de sa zone de confort sans se faire violence. 

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Le cadre, le groupe, la nature, l’activité, tous ces éléments contribuent à faire soin. Notre travail tend à mettre en place des conditions permettant la rencontre, imprévisible et singulière. Nos participants le disent mieux que nous : « A La Trace, je me soigne de comment, dans les autres endroits, on m’a regardé. Ici je me sens moi, c'est incroyable » ou encore « Je me suis senti considéré comme faisant partie de la communauté des hommes. La Trace m’a rendu à mon humanité ». Sans idée préétablie de ce qui va se jouer pour chaque personne en particulier, nous espérons ouvrir un espace permettant un changement du regard que l’on porte sur soi. Cet espace de jeu et de créativité permet d’élaborer les questions ayant trait à l’identité, par les sens, par le corps, par le vécu d’émotions très variées. Comme le dit une de nos participantes, elle sait qu’elle ne retrouvera pas l’intensité de la consommation mais l’expérience de La Trace est un chemin pour redécouvrir ce qui fait “la saveur de la vie”. 

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La Trace, concrètement:

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Chaque semaine, deux activités sont organisées : « randonnée » le vendredi et « escalade » en salle ou en falaise le mardi. Plusieurs stages sont prévus pendant l’année. Il s’agit de séjours d’une semaine se déroulant à l’étranger, réunissant une dizaine de participants et au minimum trois travailleurs. Le logement se fait en gîte ou sous tente. Nous organisons aussi des mini-stages de quelques jours en Belgique.

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Avant de participer à nos activités, nous proposons à la personne un entretien d’accueil avec un membre de notre équipe. Il s’agit d’une première rencontre où nous expliquons notre fonctionnement et les trois règles constituant notre cadre de travail : non-violence, respect des autres et de soi et non-consommation avant et pendant l’activité. Ensemble, nous essayons de voir quelle place La Trace peut prendre dans le projet de la personne. Nous ne demandons au futur participant que peu d’informations sur lui-même. L’essentiel se dira peut-être plus tard, au détour d’un sentier ou au pied d’une voie d’escalade, lorsqu’une relation de confiance se sera installée. 

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Après cet entretien, nous proposons à la personne de participer à nos activités selon le rythme qui lui convient, sans qu’il n’y ait de fin prévue à cette participation. La particularité de La Trace est ainsi de proposer un espace-temps très souple où les travailleurs et les activités se mettent en quelque sorte à la disposition des participants. L’utilisation qu’ils en font diffère fortement en fonction des envies et des capacités de chacun. Par exemple, Madame E. vient ainsi très régulièrement depuis deux ans, enchaînant les activités et les stages, et semble s’apaiser dans l’idée de « faire partie des meubles ». ; Monsieur N. n’a plus l’occasion de venir mais passe dire bonjour presque chaque semaine et glisse quelques mots de sa consommation. ; Monsieur D. n’est plus venu pendant trois ans mais a refait surface à un moment particulièrement difficile pour lui. Il a repris les activités escalade et a demandé de l’aide pour reprendre contact avec le CPAS.

 

En plus de ces activités pour notre public «autonome », c’est-à-dire pour les personnes venant à La Trace selon leur rythme propre, nous organisons aussi des activités en partenariat avec des hôpitaux et des centres de jour. Il s’agit habituellement d’organiser des activités d’escalade ou des randonnées, avec parfois la mise sur pied d’un stage. Ces activités sont une manière de soutenir le projet de l’institution partenaire et parfois de rentrer en contact avec des patients avant qu’ils ne quittent l’institution en question. Ces personnes ont ensuite la possibilité de revenir chez nous à leur sortie pour continuer une prise en charge plus souple. 

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La Trace est agréée par la CoCof comme service actif en matière d'assuétudes et de double diagnostic

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